ON
N'ARRÊTE PAS LE PROGRÈS :
VOTER
PEUT TUER
Plan 9 from Outer Space, film d'Ed
Wood (1959)
La politique, dit-on, ne fait pas de miracles.
Détrompez-vous, car si on ne ressuscite, ni réveille les morts, on les fait
cependant parfois voter. En Corse, la résurrection par le vote a longtemps fait
partie du folklore électoral. L'île de Beauté était reconnue par les ethnologues pour son étrange culte vaudou-républicain. En Corse certes, mais
aussi à Paris. L'action s'est répétée dans les bureaux de vote de la mairie du
5ème arrondissement, astucieusement située face au Panthéon, temple républicain
pour Grands Hommes inhumés. Jean Tibéri, alors maire du quartier latin, d'ascendance
corse, faisait lui aussi voter les morts. Si des monuments leur sont érigés pourquoi ne
pas leur offrir des isoloirs ?
La mort
est souvent mise sur piédestal mais néant oblige,
le sommet du socle demeure
vide.
Le piédestal vide du
Monument aux morts de la deuxième Division australienne
à Mont Saint-Quentin en
Moselle.
Monument érigé en 1925 - photo prise en 1961.
Plus sérieusement, deux événements morbides ont
émaillé le deuxième tour des élections présidentielles. Le quotidien régional
lyonnais Le Progrès rapporte deux
tragiques histoires. Le 6 mai, le journal titre : "Le bureau de vote déplacé après le malaise mortel d'un
électeur". L'URL de l'article est plus éloquente :
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/05/06/il-accomplit-son-devoir-civique-et-meurt-dans-le-bureau-de-vote.
En cliquant sur la mauvaise nouvelle on peut lire : Un homme de 86 ans est décédé ce matin, peu après avoir voté dans un
bureau de vote de la commune de Joux, à côté de Tarare. Le lendemain des
élections, Le Progrès récidive avec
un nouvel article. Le comique succède au tragique : "En allant voter, un électeur apprend qu'il est...mort". Un habitant de Calonne-Ricouart
(Pas-de-Calais) a eu la surprise de découvrir dimanche, en se rendant à sa
mairie pour voter, qu’il avait été déclaré mort :
http://www.leprogres.fr/france-monde/2012/05/07/en-allant-voter-un-electeur-apprend-qu-il-est-mort
Pareil à une histoire de brume et de fantômes, on entend l'écho du tribun
résonner dans les caveaux et confessionnaux : "Moi, Président de la république (...) Moi, Président de la
république (...) Moi, Président de la république (...) Moi, Président de la
république (...)" La prophétie autoréalisatrice fit advenir ce qui
advint. Comme disait le nouveau président de la République François Hollande
lors de ce même débat présidentiel : "Il
n'y a pas de peur à installer. Que les Français n'aient pas peur". Rassurons-nous,
le cinéma d'horreur et de morts vivants n'est pas le fort du 7ème art français.
Les nuages dominicaux qui s'amoncelaient au dessus de Paris ont laissé place au
beau temps et au soleil des lendemains qui chantent. La "société du care" que Martine Aubry appelait de
ses vœux est désormais devenue réalité. Ce
premier mercredi du nouveau quinquennat sort sur les écrans un film français sobrement
intitulé "Maman".
L'un des
derniers films sortis sous l'ère Sarkozy était la comédie horrifique,
espagnole, "Rec3 Genesis".
Cette película venue d'un pays dangereusement en crise, n'est plus qu'un
mauvais souvenir, délicieusement entêtant à l'image de son accroche : "Ce devait être le plus beau jour de ma
vie".
