Onfray, Sade et Sarkozy
Le bon, l’obscène et le vulgaire
L’ironie c’est l’excipient dans le suppositoire,
c’est ce qui permet de faire passer la médication en faisant rire.
Michel Onfray, Ce soir ou jamais, France 3, 2006
Effectivement, Sénèque était dans l'entourage de Néron et trouvait quelques vertus dans cet abominable type qui couchait avec sa mère et se vautrait dans des orgies sanguinaires…
Nicolas Sarkozy, Philosophie Magazine,
entretien avec Michel Onfray, 2007
Quelle est cette chimère impuissante et stérile,
Cette divinité que prêche à l'imbécile
Un ramas odieux de prêtres imposteurs ?
Sade, La Vérité, 1787
Point d’ironie dans Le Point. On peut y lire ces propos de Michel Onfray, “notre philosophe national” (1),selon Franz-Olivier Giesbert, natif du Delaware, issu du français de la Guerre, De La Warr, Delaware, vert paradis fiscal étatsunien.
Pour ceux qui l’ignorent, Michel Onfray est ce preux chevalier qui sut instiller quelques gouttes d’hédonisme à défaut d’hydromel dans le sacré Graal de la pudibonderie philosophique. Tel Eole, Onfray est celui par qui un vent joyeux de liberté souffle sur l’âme et l’esprit, le vin, la chair et la vérité. Mais on ne le répètera jamais assez, les muses sont corrompues, les fleurs vénéneuses et les tâches de vin profondes… profondes… profonde comme la vérité, cette splendeur, qui attire l’homme comme les papillons de nuit sont attirés par la lumière. Puis le jour se lève, et au travers du chemin glorieux qui mène à l’éternelle vérité, on trébuche sur un clochard honteusement vautré, qui délire et marmonne :
“Ah, qu'il est beau ce temps des concepts éthérés, évanescents et alanguis! Des concepts quasi-endormis, enivrés de rêve à l'ammoniac pour mieux dissoudre le sens des mots."
© Isidore Ducasse Fine Arts - © Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
Certains regardent le lointain, les étoiles, d’autres l’abysse au fond du caniveau. Et de quel trou noir nous revient la parole d’Onfray ? Au loin une lueur brille. Est-ce une étoile ? Non, c’est une procession d’êtres venus d’ailleurs. On les appelle les Elohim. Ce sont des créatures extraterrestres, les créateurs de l’humanité, les représentants interstellaires de Raël. Raël est le chef d’entreprise d’une organisation basée dans les verts pâturages fiscaux suisses. Raël est raëlien, chef de secte, adepte de la méditation sensuelle et inventeur de logos dont la fameuse “Croix de David sertie d’une Svastika”. Apôtre du cosmos athée, Raël, en pamoison devant l’œuvre du philosophe, le nomme prêtre honoraire. A Miami, du français Miamioua, sur les berges du Coconut Grove, palmeraie de noix de coco, le service de presse raélien s’exclame : “La vision philosophique de Michel Onfray, telle que décrite dans ses nombreux ouvrages et ses exposés, est très proche de celle enseignée par le Prophète Raël. Prônant hédonisme, sensualité, mieux-vivre, révolte contre dogmatisme, conformisme et tout conservatisme, il affiche en outre un athéisme sans concession et dénonce les méfaits de tous les monothéismes.” (2)
© Isidore Ducasse Fine Arts - © Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
La réponse d’Onfray - on le comprend - ne se fait pas attendre : “crétin sidéral… soucoupes volantes… clonage de science fiction… partouzes mystiques…” (3)
Quoi de plus étranger à la divine philosophie que les propos irrationnels et manipulateurs d’une secte ? Quoi de plus étranger à la philosophie que le mensonge, l’insensé, la fraude, la mascarade, et l’imposture ? Il y a des antres dans lesquels il vaut mieux ne pas s’aventurer. Dedans c’est humide, obscur et glissant comme un toboggan, une grotte aux miroirs déformants. Au fond de la caverne se cache une créature abjecte, immonde, un mauvais génie, rusé et trompeur qui “n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses.” (4) vous saisit d’effroi. Descartes, une bougie à la main, s’éloigne puis disparait dans l’obscurité. Cette grotte est l’image inversée de la caverne de Platon, revanche des apparences sur le Bien philosophique, la vérité. Il y fait noir, on n’y voit rien. Telle est la tache aveugle de la philosophie, ce qu’elle ne peut voir, ce qui lui est étranger : le mensonge, la fraude et l’imposture. Le charlatan, le faussaire et l’imposteur sont, dit-on, des personnages, des thèmes propres à la littérature et non à la philosophie. La philosophie ne serait-elle qu'un genre littéraire qui s’ignore, et le philosophe un écrivain ? Non, car les concepts, eux, n’ont pas le droit de mentir. Et deux fois non, car selon le philosophe, un écrivain n’a pas seulement des droits, il a aussi des devoirs.
Comme le dit Michel Onfray au Point (5) :
“Avec Sade, on subit le diktat d'une littérature qui aurait tous les droits alors que je suis convaincu qu'être écrivain, c'est surtout avoir des devoirs.”
Apprenez qu’il existe des pensées coupables et mauvaises dont il faut savoir rougir ou en avoir la nausée.
“(il faut) Relire aussi sa manière de désigner la chair des femmes comme une putréfaction totale. Moi, je ne suis pas client.”
© Isidore Ducasse Fine Arts - © Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
La parole philosophique pourra-t’elle un jour s’élever par delà le bien et le mal ou bien à jamais l’homme ne sera-t’il voué qu’à être cette créature douée de conscience, de bonne conscience, roseau bien-pensant ? N’y aurait-il pas plus à apprendre du mensonge que de la vérité ? Le mensonge saurait revêtir les apparences du vrai là où la vérité serait dénuée de toute ambiguïté. Au royaume des Idées, la philosophie dégouline d’un amour platonique pour le juste, le bien, le beau, le vrai. Sade s’interroge : Quelle est cette chimère impuissante et stérile (…) (6) Qu’elle cette chimère ? Un monstre mythologique, une illusion, la religion, ou bien la simple et resplendissante vérité ?
Lors d’un entretien (7) avec Michel Onfray, Nicolas Sarkozy s’exclame : (…) Vous me demandez qui je suis, pourquoi j'agis comme je le fais. Mais si je pouvais vous répondre… Savez-vous qui vous êtes, vous ?
Michel Onfray, le philosophe, lui répond : Oui. Je crois au « connais-toi toi-même ».
Nicolas Sarkozy, le président, de réagir : Fort heureusement, une telle connaissance est impossible, elle est même presque absurde !
Et Ovide, le poète de conclure : Consulté pour savoir si cet enfant connaîtrait les temps lointains d'une vieillesse épanouie,
le devin prophète déclara : « S'il ne se connaît pas ».
Longtemps la parole de l'augure parut infondée ; l'issue de l'histoire, le genre de mort et l'étrange folie de Narcisse prouvent sa véracité. (8)
© Isidore Ducasse Fine Arts - © Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
(1) Franz-Olivier Giesbert - Michel Onfray se lance dans la guerre du goût - Le Point (13 août 2009)
(2) Jean Yves Nau - Michel Onfray, raélien malgré lui - Le Monde (jeudi 16 mars 2006)
(3) Michel Onfray - Raël, crétin sidéral ou la mauvaise odeur des journalistes - site officiel (jeudi 16 mars 2006)
(4) René Descartes - Méditations métaphysiques (1641)
(5) Michel Onfray - Entretien - Le Point (23 juillet 2009)
(6) Nicolas Sarkozy & Michel Onfray - Confidences entre ennemis - Philosophie Magazine (avril 2007)
(7) Sade - La Vérité (1787)
(8) Ovide - Les Métamorphoses (l’an 1)
Je relève dans cet extrait quelques interprétations fallacieuses :
RépondreSupprimer"Ce sont des créatures extraterrestres, les créateurs de l’humanité, les représentants interstellaires de Raël."
Il y a inversion : c’est Raël qui est l’envoyé de nos Créateurs les Elohim
"Raël est le chef d’entreprise d’une organisation basée dans les verts pâturages fiscaux suisses".
« Pâturages fiscaux » extérieurs à l’Union Européenne, tout simplement.
"Raël est raëlien,"
En effet, il est le premier raëlien désigné, sans l’avoir choisi.
"chef de secte,"
Je dirais fondateur du Mouvement Raëlien, Nouvelle Minorité Religieuse ( au sens de « relier ») .
"adepte de la méditation sensuelle"
En effet, c’est la base de l’enseignement que lui ont transmis les Elohim : la prise de conscience de ce que nous sommes grâce à nos cinq sens nous permet de nous mettre en harmonie avec l’Infini.
"et inventeur de logos dont la fameuse “Croix de David sertie d’une Svastika”."
Inventeur n’est pas le mot, ce symbole est le plus vieux du monde, il représente l’infini dans le temps ( swastika) et dans l’espace ( « étoile de David »), il est le symbole des Elohim.
" Apôtre du cosmos athée, Raël, en pamoison devant l’œuvre du philosophe, le nomme prêtre honoraire."
Raël a pour coutume de souligner la valeur de certaines personnes qui osent se démarquer de la masse par leurs idées en avance sur leur temps ou par leur humanisme, en les nommant guides « honoraires », titre qu’ils peuvent refuser.
Quoi de plus étranger à la philosophie que le jugement sur la base d'informations qu'on n'a pas soi-même vérifiées, quoi de plus étranger à la philosophie que l'engouffrement sur la route de la pensée majoritaire bornée d'ignorance.
Paix, amour, fraternité
"L'ironie c'est l'excipient dans le suppositoire ... " (M. Onfray). Quelle drôle d'idée : le rire passe par l'anus ! Phrase pompeuse de quelqu'un finalement très ordinaire qui aime tout simplement la vaseline des applaudissements.
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