Cafédomancie
-
une histoire suisse à dormir debout -
Au cours de
la nuit, en rêve, Jean-Baptiste de la Tournette, un épidémiologiste suisse-vaudois
de renommée internationale, interviewé à la radio, mettait en garde les
visiteurs de "La flamme
éternelle", l'exposition-installation de Thomas Hirschorn au Palais de
Tokyo.
Selon les
dires du scientifique, l'amoncellement de pneus usagés, sous forme de
colonnes, de couloirs, de murs et de parois, constitutifs de l'œuvre ne serait pas sans risque
pour la santé. Outre la dangerosité des
effluves émanant des pneumatiques, l'épidémiologiste s'inquiétait d'une
possible épidémie de chikungunya.
Le docteur
rappelait les informations mises en ligne par le Ministère de la Santé : "Le moustique Aedes albopictus notamment est en expansion mondiale,
expansion favorisée par ses capacités
d’adaptation, par le développement des échanges internationaux et, en
particulier, par le commerce de pneus
usagés, qui est le mode de dissémination principal de cette espèce à travers le monde. Ses
caractéristiques biologiques lui permettent en particulier de s’adapter aux
climats tropicaux et tempérés."
Le docteur de la Tournette appelait instamment les autorités
sanitaires à fermer l'exposition afin de prévenir la fameuse épidémie de chikungunya qui dit-il "rendrait la gente parisienne encore
plus imbuvable qu'elle n'est" (sic). Nicolas Bourricot, critique
d'art, spécialiste de l'art infusionnel cria à la censure et rétorqua que bien
que l'art en général ne soit pas sans danger, de la Tournette n'avait cependant rien compris au sens de "La
flamme éternelle". D'un point de vue conceptuel, esthétique et
naturellement politique, les moustiques étaient
hors-sujet et absents de la démarche et du propos hirschorniens.
Le lendemain
matin, au réveil de cet absurde débat sanitaro-esthétique, alors que je buvais
mon café, je remarquai qu'un filet de mousse s'était déposé sur la paroi intérieure
de la tasse. La mousse formait un ensemble de six lettres majuscules nettement
visibles : VONNOI. En faisant une recherche sur google, le mot VONNOI ne me
dirigea que vers le site "morewords.com"
où j'obtins le message suivant :
Inutile de lire dans le marc de café — me disais-je, le
café sait écrire, quoi que dans une langue inconnue. En me servant une
nouvelle tasse de café, je remarquai que le message demeurait intact et que le
liquide brûlant nouvellement versé n'arrivait pas à effacer l'obscur VONNOI.
Quel rapport mystérieux ce mot dénué de sens pouvait-il bien avoir avec mon rêve
? Certes, j'avais utilisé une cafetière à piston. Le piston pourrait évoquer
l'automobile et l'auto le pneu. Quand au mode de fonctionnement de cette
cafetière, le nectar s'obtenait par infusion. L'infusion ne serait pas sans
rappeler les théories du critique d'art Nicolas Bourricot, auteur de L'art infusionnel. Quant au moustique,
l'insecte lui, demeurait absolument étranger au propos, une énigme aussi
insondable que l'indiscernable VONNOI. VONNOI pourrait néanmoins rappeler le
pays d'origine de l'épidémiologiste Jean-Baptiste de la Tournette : le pays
VAUDOIS. Simple coïncidence, dénuée de
sens — me dis-je. Mais curieusement, d'après le site "morewords.com", le consécutif à l'inexistant VONNOI ne serait
autre que le terme VOODOO. Ceci expliquant cela.
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