Questionnaire de P.
A la demande de mon agent
littéraire Virginia López-Ballesteros qui
a proposé à ses auteurs de répondre au
questionnaire de l'auteur de “Pastiches
et mélanges”...
Le
principal trait de mon caractère.
Un signe de ponctuation : le
point d'ironie.
La
qualité que je désire chez un homme.
Je reprends la réponse de
Proust ; après tout c'est son questionnaire : “des charmes féminins”.
La
qualité que je préfère chez une femme.
Ses grains de beauté essaimés
dans son esprit.
Ce
que j'apprécie le plus chez mes amis.
Leur goût des bacchanales, au
sens noble du terme.
Mon
principal défaut.
L'imposture.
Mon
occupation préférée.
Voyager. Voyager dans l'espace
ou en esprit, se promener par des chemins qui ne mènent nulle part comme dans
“L'Enfer”, s'égarer, “par une forêt obscure car la voie droite était perdue”.
Mon
rêve de bonheur.
Voir Barack Obama marcher sur
les eaux. Ou encore : abolir les paradis fiscaux, en fermer les comptes
bancaires, les ré-ouvrir et les cacher au Vatican, y blanchir l'argent puis
envoyer le tout au Paradis dont Saint Pierre aurait, dit-on, la clef.
Quel
serait mon plus grand malheur ?
Être sur une île déserte
et n'avoir comme seul livre à lire que les “Heurs
et malheurs du trou du cul” de Francisco de
Quevedo.
Ce
que je voudrais être.
“Un
rocher sur un autre rocher” (“Rock on Top of Another Rock”), l'œuvre de Peter Fischli et David Weiss, installée
dans Kensington Gardens, ou en Norvège, dans la nature.
Le
pays où je désirerais vivre.
La Principauté de Sealand mais
réaménagée en palace 7 étoiles ou l'Atlantide avant qu'elle n'ait été
engloutie.
La
couleur que je préfère.
Le mordoré, plus pour la
sonorité du mot que pour la couleur elle-même.
La
fleur que j'aime.
Toutes, avec une affection
particulière pour les carnivores et les vénéneuses.
L'oiseau
que je préfère.
Le colibri et le ptérodactyle
Mes
auteurs favoris en prose.
En ce moment, Tobias Smollett,
Henrik Ibsen et Quevedo.
Mes
poètes préférés.
Par ordre alphabétique, Cécile
Mainardi, Stéphane Mallarmé, Henri Michaux.
Mes
héros dans la fiction.
Des escrocs, antihéros, pícaros, aventuriers et imposteurs, marginaux
plus ou moins irrécupérables : El Buscón, Psalmanazar, Peer Gynt, Roderick
Random, Casanova, Bartleby. Mais aussi certaines personnifications telles la
Folie d'Erasme ou la déesse Stupidité d'Alexander Pope.
Mes
héroïnes favorites dans la fiction.
Juliette, à la fois la
bien-aimée de Roméo et Juliette la sœur de Justine ; celle de William Shakespeare et celle du
Marquis de Sade.
Mes
compositeurs préférés.
Luc Ferrari, Alvin Lucier,
Edgar Varèse, Henry Purcell, Johann Sebastian Mozart, Anton Webern, John Zorn,
Otomo Yoshihide, Christian Marclay, Eric B. and Rakim...
Mes
peintres (plasticiens) favoris.
John Baldessari, John Currin,
Marcel Duchamp, Maurizio Cattelan, José de Ribera, Dan Flavin, Ellsworth Kelly,
Richard Serra, Diego Velasquez, le maître de Lascaux et d'autres.
Mes
héros dans la vie réelle.
Exceptés Mère Teresa et Padre
Pio, le faussaire néerlandais Han van Meegeren qui ridiculisa avec ses faux
Vermeer, experts et nazis.
Mes
héroïnes dans l'histoire.
Lucy, la femme
australopithèque.
Mes
noms favoris.
A l'ère de “l'Idiocracy”, au
sein du village global qui baigne dans la musique d'ascenseur ou de
supermarché, comment résister aux noms de marque, surtout ceux qui ont tendance
à préempter le langage, à privatiser les mots comme “Apple”, “Orange” ou
“Tide”. Phénomène plus inquiétant (quoi que), il existe parait-il, des noms de
marque donnés comme prénoms aux enfants : Infinity, Chevy, Celica, L'Oreal,
Armani...
Ce
que je déteste par-dessus tout.
Peut-être le terrorisme
intellectuel mais surtout pas la bêtise, car c'est une source d'inspiration
sans fin.
Personnages
historiques que je méprise le plus.
Même les dictateurs les plus
sanguinaires ont probablement été de merveilleux bébés, d'adorables enfants.
Le
fait militaire que j'admire le plus.
L'atterrissage de l'homme sur
la Lune.
La
réforme que j'estime le plus.
La Contre-Réforme comme
acte instigateur du Baroque à travers le “Décret
sur l'invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les saintes
images” (25e session du
Concile de Trente, 1563) soit la naissance de “la société du spectacle religieux”.
Le
don de la nature que je voudrais avoir.
L'homochromie ou l'invisibilité
par camouflage.
Comment
j'aimerais mourir.
Cryogénisé avec la possibilité
de se réveiller en l'an 2440, comme l'année du roman d'anticipation “L'An 2440,
rêve s'il en fut jamais”. La réincarnation ou
resurrection aurait donc lieu dans une fiction, un roman. Étrangement, ce roman
de Louis-Sébastien Mercier écrit en 1770, “L'An 2440, rêve s'il en fut jamais”
a été traduit en anglais “Memoirs
of the Year Two Thousand Five Hundred”. L'an 2440 est devenu l'an 2500.
Où sont passées ces soixantes années manquantes ? Mystère.
État
présent de mon esprit.
Suite à la question précédente
: gel du cerveau.
Fautes
qui m'inspirent le plus d'indulgence.
Je m'absente du
questionnaire-confessionnal un instant et reviens à la question suivante.
Ma
devise.
La formule magique de “Huit et
demi” :
— ASA NISI MASA.
— Ma che cosa vuol dire ? (Mais
qu'est-ce que cela veut dire ?)
José de Ribera, Silène
Ivre, 1626
Museo e Gallerie Nazionali di
Capodimonte, Naples
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