L'Éloge de rien, dédié à personne (1730)
Louis Coquelet
Seules les éditions Allia ont
eu l’idée de republier cet ouvrage (disponible aussi sur Gallica).
Mais des titres tels que L’Éloge de la
goutte, L'Éloge de quelque chose, dédié à quelqu'un, Le Triomphe de la charlatanerie, dédié au
Grand-Turc, L'Éloge du mensonge,
dédié à tout le monde ou encore
L’Éloge de la méchante femme, attendent toujours preneurs.
Mais non seulement il
vaut mieux parler de RIEN préférablement à tout ce qui se dit et s'écrit parmi
nous la plupart du temps, j'ose encore soutenir que RIEN est digne de toutes
nos louanges par lui-même, et qu'on ne doit jamais oublier RIEN quand il s'agit
de préconiser le mérite et la vertu. Si d'abord vous faites attention à
l'ancienneté de RIEN, quel être, si vous en exceptez l'Etre souverain, est plus
ancien que RIEN ? On peut même avancer sans crainte d'impiété, que RIEN est
aussi ancien que l’Etre souverain lui-même : car enfin qu'y avait-il avant que
les Anges et le Monde furent créer ? RIEN. Qu'y a-t'il eu de toute éternité
avec Dieu ? RIEN. Tout a commencé par RIEN, et RIEN n'a jamais eu de
commencement. Si on considére l'excellence de RIEN, elle est admirable ;
RIEN, aussi bien que la Divinité, ne se peut définir que par lui-même.
Qu'est-ce que RIEN ? C'est RIEN. Comme elle RIEN est immense, incommensurable,
et s'étend au delà de toutes choses. RIEN est immuable et indivisible. On ne
saurait l'augmenter, ni le diminuer. Ajoutez RIEN à RIEN, cela fait toujours
RIEN. Otez RIEN de RIEN, il reste toujours RIEN. RIEN ne vient de personne, et
tout ce que nous voyons dans la nature vient de RIEN.
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