25/04/2015


L'Éloge de rien, dédié à personne (1730)
Louis Coquelet

Seules les éditions Allia ont eu l’idée de republier cet ouvrage (disponible aussi sur Gallica). Mais des titres tels que L’Éloge de la goutte, L'Éloge de quelque chose, dédié à quelqu'un, Le Triomphe de la charlatanerie, dédié au Grand-Turc, L'Éloge du mensonge, dédié à tout le monde ou encore L’Éloge de la méchante femme, attendent toujours preneurs.




Mais non seulement il vaut mieux parler de RIEN préférablement à tout ce qui se dit et s'écrit parmi nous la plupart du temps, j'ose encore soutenir que RIEN est digne de toutes nos louanges par lui-même, et qu'on ne doit jamais oublier RIEN quand il s'agit de préconiser le mérite et la vertu. Si d'abord vous faites attention à l'ancienneté de RIEN, quel être, si vous en exceptez l'Etre souverain, est plus ancien que RIEN ? On peut même avancer sans crainte d'impiété, que RIEN est aussi ancien que l’Etre souverain lui-même : car enfin qu'y avait-il avant que les Anges et le Monde furent créer ? RIEN. Qu'y a-t'il eu de toute éternité avec Dieu ? RIEN. Tout a commencé par RIEN, et RIEN n'a jamais eu de commencement. Si on considére l'excellence de RIEN, elle est admirable ; RIEN, aussi bien que la Divinité, ne se peut définir que par lui-même. Qu'est-ce que RIEN ? C'est RIEN. Comme elle RIEN est immense, incommensurable, et s'étend au delà de toutes choses. RIEN est immuable et indivisible. On ne saurait l'augmenter, ni le diminuer. Ajoutez RIEN à RIEN, cela fait toujours RIEN. Otez RIEN de RIEN, il reste toujours RIEN. RIEN ne vient de personne, et tout ce que nous voyons dans la nature vient de RIEN.

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