Un
soupçon humien
Jusepe
de Ribera - Deux philosophes (Anaxagore et Lacydès ?) Ca. 1612
huile
sur toile - musée des beaux-arts de Rennes
Je
nourris depuis longtemps un soupçon à l’égard des décisions des philosophes sur
tous les sujets et j’ai trouvé en moi une plus forte inclination à discuter
leurs conclusions qu’à les approuver. La plupart, presque sans exception,
semblent sujets à une erreur : ils limitent trop leurs principes et ils ne
tiennent pas compte de la grande diversité que la nature affectionne dans
toutes ses opérations. Une fois qu’un philosophe a mis la main sur un principe
favori qui explique sans doute de
nombreux effets naturels, il étend le même principe à toute la création et y
réduit tout phénomène, même par le raisonnement le plus forcé et le plus
absurde. Notre propre esprit étant étroit et resserré, nous ne pouvons étendre ce que nous concevons
à la diversité et à l’étendue de la nature mais nous imaginons que cette
dernière est aussi bornée dans ses opérations que nous le sommes dans notre
spéculation.
David Hume, Essai sur le sceptique, 1742,
traduction de Philippe
Folliot
Jusepe
de Ribera - Deux philosophes (Anaxagore et Lacydès ?) Ca. 1612 - détail
Humian suspicion
I
HAVE long entertained a suspicion, with regard to the decisions of philosophers
upon all subjects, and found in myself a greater inclina-tion to dispute, than
assent to their conclusions. There is one mistake, to which they seem liable,
almost without exception; they confine too much their principles, and make no
account of that vast variety, which nature has so much affected in all her
operations. When a philosopher has once laid hold of a favourite principle,
which perhaps accounts for many natural effects, he extends the same principle
over the whole creation, and reduces to it every phænomenon, though by the most
violent and absurd reasoning. Our own mind being narrow and con-tracted, we
cannot extend our conception to the variety and extent of nature; but imagine,
that she is as much bounded in her operations, as we are in our speculation.
David Hume, The Sceptic,
1742
détail
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