18/10/2009




Mandrake is Mandrake




Devant les portes de la grotte fleurissent de féconds pavots et d’innombrables plantes du suc desquelles la Nuit retire la torpeur qu’elle répand…
Ovide – Les Métamorphoses (l’an 1)





« I’m not a magician, I am a mentalist. »
John Malkovich in The Great Buck Howard (2008), 
film de Sean McGinly




Né sous le crayon, la plume, l’encre et l’eau forte, un torrent de magie apparut en 1934 sous le nom de Mandrake le magicien. Le personnage porte un costume classique de magicien de music hall avec cape, baguette, moustache et chapeau haut de forme. Émanation de l’âme de Lee Falk, Mandrake le magicien est publié dans la presse quotidienne sous la forme de comic strips par le King Feature Syndicate, syndicat de distribution, propriété exclusive du mogul, magnat des médias William Randolph Hearst.




Mandrake - épisode "Le Cobra" - 1936 


Du haut de son château, allongé au bord de la piscine de Neptune, Hearst découvre halluciné les aventures de Mandrake. Le magicien a pour origine une plante. Mandrake est Mandrake, en anglais, nom générique donné à la mandragore. Solanacée riche en alcaloïde, la mandragore a des propriétés hautement hallucinogènes. Une légende raconte que la mandragore ne pousse qu’à l’endroit où le semence d’un pendu s’est répandue au sol.








Quoi qu’il en soit Mandrake, lui, est né en 1934. Il combat le mal grâce à ses pouvoirs hypnotiques, psychédéliques et extrasensoriels. Mais deux ans plus tard, Hearst se lance dans une guerre féroce contre la marijuana rendant la drogue illégale dès 1937 via la Marihuana Tax Act. En réalité, la campagne de Hearst contre la toxicomanie n’est pas motivée par un enjeu de santé publique et morale. Elle ne vise qu’indirectement à interdire la consommation de drogue. Son véritable objet est de réduire à néant la culture de chanvre, menace économique de poids dans l’industrie de fabrication de la pâte à papier. En effet, l’empire médiatique de Hearst se double d’un empire forestier et industriel papetier. On remarquera que la Bible, elle-même, provient du Grec Byblos, ville phénicienne, principal lieu d’importation grec de papyrus ; aujourd’hui Jbeil au Liban.




Mandrake - épisode "Le Cobra" - 1936 


Alors que Mandrake sillonne le monde, les contrées les plus exotiques, les jungles les plus lointaines, en compagnie de son fidèle ami Lothar, Prince des 7 Nations, confédération de tribus africaines, un certain Leon Mandrake, lui, se produit sur les plus grandes scènes américaines de music hall et ce depuis 1922 soit plus de dix ans avant la naissance du personnage de Mandrake.




Prestidigitateur, illusionniste, mentaliste, manipulateur, ventriloque et parfois cracheur de feu Leon Mandrake, le vrai Mandrake ressemble à s’y méprendre au Mandrake de fiction. A moins qu’il ne faille dire le contraire ? Coïncidence, chaos, fortune, hasard ou nécessité, il existe bel et bien deux Mandrake(s), vivants dans deux dimensions : le réel et l’imaginaire, la magie, la vraie, et la prestidigitation, le spectacle.




En 1937, alors que le Sénat américain vote le projet de loi du Bureau Fédéral des Narcotiques, la Marihuana Tax Act, Mandrake le magicien de fiction, lui, se marie en 1937 avec la Princesse Narda. Narda est également le nom de la première femme de Leon Mandrake, le vrai magicien.


Mandrake & Narda - épisode "Le Cobra" - 1936 



La cérémonie a lieu à Xanadu, demeure high tech où aime se ressourcer Mandrake. Xanadu est également le nom de la demeure de Charles Foster Kane, le Citizen Kane d’Orson Welles (1941). Le modèle bien connu de Kane est Hearst. Et c’est du haut de son château, allongé au bord de la piscine de Neptune que William Randolph Hearst découvre halluciné les aventures de Mandrake le magicien.



Piscine de Neptune, Hearst Castle


Aujourd’hui, Mandrake est reconnu comme le tout premier super-héro de l’histoire de la bande dessinée. Sortant d’une lanterne magique, tel un Djinn aux facultés extrasensorielles, Mandrake réapparaît une nouvelle fois de nulle part en 1987, sous les traits de Marcello Mastroianni dans Intervista de Federico Fellini.


Mandrake interprété par Marcello Mastroianni 
dans Intervista de Federico Fellini.





















2 commentaires:

  1. Cher Peeping Tom,
    Leon Mandrake et François Mitterand ont-ils un lien de parenté ? Ou pour le dire plus clairement, François Mitterand et Leon Mandrake sont-ils la même et unique personne ?
    A votre clairvoyance,
    Phil Davis Jr

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  2. Il est vrai que François Mitterrand et Leon Mandrake sont contemporains.
    Le père de la Nation, l’oncle des gaulois, le tonton des français est né en 1916 et mort en 1996.
    Le magicien, lui, est né en 1911 et mort en 1993.

    La question de la ressemblance porte ensuite sur la nature même du personnage mitterrandien, insaisissable, insondable, inavouable ?

    S’agit-il d’un Mitterrand un chouia collabo, un méga résistant, un pro-Algérie française, un astronome de l’observatoire, un "ébrécheur" de guillotine, un Mitterrand crépusculaire, un Mabuse des écoutes téléphoniques, un Roi Lear socialiste, un Big Mac Beth de gauche ?

    Les métamorphoses sont nombreuses et le socialisme miterrandien tel un lapin rouge sortant d’un chapeau magique rappelle par maints aspects l’art de Mandrake, Leon Mandrake, le magicien ou comment hypnotiser son public de telle manière qu’il en vienne à suspendre son jugement et à croire en l’impossible.

    Il est cependant vrai que le Mitterrand, ministre de la justice en 1956 n’est pas sans rappeler le Mandrake de 1942.
    La faute au chapeau ?
    A vous de voir et de cliquer ou copier-coller le lien :
    http://www.alessandromercuri.com/Mitterrand_Mandrake.jpg

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