Moi non plus
assiette Décorative Pape François
- diamètre 20,5 cm - avec chevalet de pose - objet de décoration ne convient
pas pour manger dedans
La scène se déroule le 29 avril
2017 à dix mille mètres d’altitude au-dessus de la mer Méditerranée. De retour
d’Égypte, le Pape François se livre à une conférence de presse à bord du vol papal. Virginie
Riva, journaliste à Europe 1 l’interroge sur le deuxième tour de l’élection
présidentielle française opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron : « À l’université al-Azhar, vous avez
parlé des populismes démagogiques. Les catholiques français sont tentés en ce
moment par le vote populiste ou extrémiste. Ils sont divisés et désorientés.
Quels éléments de compréhension pourriez-vous donner à ces électeurs
catholiques ? » Réponse du Pape après quelques précisions
syntaxiques sur le sens du populisme en Europe et en Amérique Latine : « Chaque pays est libre de décider ce
que bon lui semble face au populisme. Je ne peux préjuger d’aucune décision et motivation
parce que je ne connais pas la politique intérieure [française]. Je vous le dis
sincèrement, je ne comprends pas la politique intérieure française. J’ai essayé
d’avoir de bons rapports avec l’actuel président, avec lequel il y a eu un
conflit mais par la suite nous avons pu échanger avec clarté et j’ai respecté son
opinion. Des deux candidats politiques [Le Pen et Macron] je ne connais pas
leur histoire ; j’ignore d’où ils viennent. Je sais que l’une représente
la droite forte, mais de l’autre j’ignore tout. Ainsi, je ne peux vous donner
aucune opinion claire sur la France. »
Quelques jours plus tôt, le 23
avril, le Parti chrétien-démocrate (PCD), par la voix de sa fondatrice et
présidente d’honneur, Christine Boutin, révèle au Figaro sa consigne de vote. Christine
Boutin votera Marine Le Pen : « Ma
décision est claire, c’est « pas de Macron » […] Macron, ce n’est pas
possible […] Emmanuel Macron c’est l’incarnation de tout ce que je n’aime pas,
c’est à l’opposé de mes valeurs qui ont rythmé ma vie politique. C’est le
libéralisme libertaire, c’est la mondialisation, c’est l’argent, c’est la
banque […] Il dénie à la France sa culture » Et Christine Boutin
d’enfoncer le clou de manière quelque peu tordue : « Je veux faire comprendre aux Français de droite que voter Le
Pen, ce n’est pas adhérer au Front national. C’est simplement un vote contre
Emmanuel Macron »
Le même jour, le président de Sens
commun, mouvement politique issu de La Manif pour tous, représentant d’une
certaine droite catholique française donne son avis. Dans un entretien à l’hebdomadaire
Famille chrétienne, Christophe Billan à
la question « Voter sera un cas de
conscience le 7 mai prochain ? » répond : « C’est un vrai dilemme en effet. C’est le mien. Ma réflexion
commence aujourd’hui… L’abstention, le chaos ou la décomposition. Nous mesurons
pleinement le danger que comportent ces deux dernières options. Nous laisserons
à chacun sa liberté de conscience. Nous ne voulons pas embrigader, c’est dans
notre ADN à Sens Commun. Je le répète, les deux options qui sont devant nous
m’apparaissent délétères. D’un côté le régime étatiste de Marine Le Pen, de
l’autre la déconstruction irréaliste d‘Emmanuel Macron. »
Après l’avis du Pape, du Parti
chrétien-démocrate français, de Sens commun, voici enfin la position officielle de l’Église de France.
Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence
des évêques de France écrit : À la
lumière de l’Evangile qui inspire son Enseignement social, l’Eglise catholique
veut éclairer les consciences en donnant des éléments pour le discernement. Ainsi,
n’appelle-t-elle pas à voter pour l’un ou l’autre candidat mais, en rappelant
les enjeux de l’élection, elle souhaite donner à chacun des éléments pour son
discernement propre.
Si le pape François affirme ne pas
comprendre la politique intérieure française, il semblerait a contrario que
d’autres organismes et mouvements catholiques n’auraient, eux, que trop bien
compris cette dite politique. L’Église aurait-elle pris au pied de la lettre son
Credo quia absurdum ? L’Histoire leur en tiendra-t-elle rigueur ? Au
soir du 7 mai, la France sera-t-elle encore la fille aînée de l’Église ou
plutôt sa fille indigne, rance et moisie ?
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