06/05/2017

Moi non plus




assiette Décorative Pape François - diamètre 20,5 cm - avec chevalet de pose - objet de décoration ne convient pas pour manger dedans


La scène se déroule le 29 avril 2017 à dix mille mètres d’altitude au-dessus de la mer Méditerranée. De retour d’Égypte, le Pape François se livre à une conférence de presse à bord du vol papal. Virginie Riva, journaliste à Europe 1 l’interroge sur le deuxième tour de l’élection présidentielle française opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron : « À l’université al-Azhar, vous avez parlé des populismes démagogiques. Les catholiques français sont tentés en ce moment par le vote populiste ou extrémiste. Ils sont divisés et désorientés. Quels éléments de compréhension pourriez-vous donner à ces électeurs catholiques ? » Réponse du Pape après quelques précisions syntaxiques sur le sens du populisme en Europe et en Amérique Latine : « Chaque pays est libre de décider ce que bon lui semble face au populisme. Je ne peux préjuger d’aucune décision et motivation parce que je ne connais pas la politique intérieure [française]. Je vous le dis sincèrement, je ne comprends pas la politique intérieure française. J’ai essayé d’avoir de bons rapports avec l’actuel président, avec lequel il y a eu un conflit mais par la suite nous avons pu échanger avec clarté et j’ai respecté son opinion. Des deux candidats politiques [Le Pen et Macron] je ne connais pas leur histoire ; j’ignore d’où ils viennent. Je sais que l’une représente la droite forte, mais de l’autre j’ignore tout. Ainsi, je ne peux vous donner aucune opinion claire sur la France. »

Quelques jours plus tôt, le 23 avril, le Parti chrétien-démocrate (PCD), par la voix de sa fondatrice et présidente d’honneur, Christine Boutin, révèle au Figaro sa consigne de vote. Christine Boutin votera Marine Le Pen : « Ma décision est claire, c’est « pas de Macron » […] Macron, ce n’est pas possible […] Emmanuel Macron c’est l’incarnation de tout ce que je n’aime pas, c’est à l’opposé de mes valeurs qui ont rythmé ma vie politique. C’est le libéralisme libertaire, c’est la mondialisation, c’est l’argent, c’est la banque […] Il dénie à la France sa culture » Et Christine Boutin d’enfoncer le clou de manière quelque peu tordue : « Je veux faire comprendre aux Français de droite que voter Le Pen, ce n’est pas adhérer au Front national. C’est simplement un vote contre Emmanuel Macron »

Le même jour, le président de Sens commun, mouvement politique issu de La Manif pour tous, représentant d’une certaine droite catholique française donne son avis. Dans un entretien à l’hebdomadaire Famille chrétienne, Christophe Billan à la question « Voter sera un cas de conscience le 7 mai prochain ? » répond : « C’est un vrai dilemme en effet. C’est le mien. Ma réflexion commence aujourd’hui… L’abstention, le chaos ou la décomposition. Nous mesurons pleinement le danger que comportent ces deux dernières options. Nous laisserons à chacun sa liberté de conscience. Nous ne voulons pas embrigader, c’est dans notre ADN à Sens Commun. Je le répète, les deux options qui sont devant nous m’apparaissent délétères. D’un côté le régime étatiste de Marine Le Pen, de l’autre la déconstruction irréaliste d‘Emmanuel Macron. »

Après l’avis du Pape, du Parti chrétien-démocrate français, de Sens commun, voici enfin la position officielle de l’Église de France. Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France écrit : À la lumière de l’Evangile qui inspire son Enseignement social, l’Eglise catholique veut éclairer les consciences en donnant des éléments pour le discernement. Ainsi, n’appelle-t-elle pas à voter pour l’un ou l’autre candidat mais, en rappelant les enjeux de l’élection, elle souhaite donner à chacun des éléments pour son discernement propre.

Si le pape François affirme ne pas comprendre la politique intérieure française, il semblerait a contrario que d’autres organismes et mouvements catholiques n’auraient, eux, que trop bien compris cette dite politique. L’Église aurait-elle pris au pied de la lettre son Credo quia absurdum ? L’Histoire leur en tiendra-t-elle rigueur ? Au soir du 7 mai, la France sera-t-elle encore la fille aînée de l’Église ou plutôt sa fille indigne, rance et moisie ?



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