Les biologistes Jacques Monod et François Jacob dans leur laboratoire de l'institut Pasteur à Paris, en 1971. AFP/- |
Petite leçon de Lumières en cette heure de fanatisme, d’intolérance et de certitudes. François Jacob, prix Nobel de physiologie ou médecine (1965) et chancelier de l'ordre de la Libération, écrit dans l’avant-propos de son livre Le Jeu des possibles, essai sur la diversité du vivant, (éditions Fayard, 1981) :
« Contrairement à ce qu’on croit souvent, l'important dans la science, c'est autant l'esprit que le produit. C'est autant l'ouverture, la primauté de la critique, la soumission à l'imprévu, si contrariant soit-il, que le résultat, si nouveau soit-il. Il y a belle lurette que les scientifiques ont renoncé à l'idée d’une vérité ultime et intangible, image exacte d'une « réalité » qui attendrait au coin de la rue d'être dévoilée. Ils savent maintenant devoir se contenter du partiel et du provisoire. Une telle démarche procède souvent à l’encontre de la pente naturelle à l'esprit humain qui réclame unité et cohérence dans sa représentation du monde sous ses aspects les plus divers. De fait, ce conflit entre l'universel et le local, entre l'éternel et le provisoire, on le voit périodiquement réapparaître dans une série de polémiques opposant ceux qui refusent une vision totale et imposée du monde à ceux qui ne peuvent s'en passer. Que la vie et l'homme soient devenus objets de recherche et non plus de révélation, peu l’acceptent. »